SEMENCES PAYSANNES

Depuis des millénaires, les paysans sélectionnent, cultivent et échangent des semences. Cependant,  après la seconde guerre mondiale, l’agro-industrie a peu à peu imposé des semences standardisées, brevetées, créées en laboratoire, imposant des hybrides (F1) et des OGM, entraînant une perte de la biodiversité cultivée. Neuf espèces végétales cultivées sur 6 000 représentent 66 % de la production agricole mondiale.

• Elles sont sélectionnées et reproduites dans les champs par des paysans et jardiniers pratiquant l’agriculture paysanne, biologique ou biodynamique. Elles sont diverses et variables, adaptées aux terroirs, aux climats, aux pratiques agricoles paysannes.
• Elles sont reproductibles, échangeables et non brevetées (pas de propriété industrielle).
• Elles évoluent et circulent grâce à des collectifs qui définissent eux-mêmes leurs droits d’usage.

Elles relèvent donc d’un triple enjeu, agronomique, politique et social.

On entend souvent parler de variétés anciennes, qui peuvent être assimilées aux semences paysannes. Cette dénomination est à proscrire, d’une part parce que les semences paysannes participent au renouvellement de la biodiversité cultivée et sont résolument modernes, d’autre part parce que la grande distribution s’est accaparée ce terme pour vendre par exemple sous cette dénomination des tomates issues de variétés hybrides (F1). Attention donc aux contrefaçons !

En 2003, la Confédération paysanne et la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique organisent une rencontre « Semences paysannes, cultivons la biodiversité dans les fermes » réunissant 350 personnes. A cette occasion, les participants s’engagent à défendre les droits fondamentaux des paysans sur leurs semences et à construire une alternative collective aux variétés industrielles. Le Réseau Semences Paysannes (RSP) est né quelques mois plus tard pour mettre en œuvre cet engagement. Il regroupe aujourd’hui 92 organisations.

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• En tant que mangeur, je peux privilégier des aliments issus de semences paysannes. Même s’il n’y a pas de marques ou de labels distinguant ces produits, je peux, en vente directe, trouver des maraîchers qui cultivent des légumes issus de semences paysannes ou des boulangers travaillant avec des farines issues de celles-ci (par exemple la farine « blé tendre variété de pays » de Flor de Pèira).
• Comme jardinier, je peux privilégier les semences paysannes, voire faire de la sauvegarde de variétés, participer à des bourses d’échanges ; et pour aller plus loin contacter une structure locale.
• Comme paysan, je peux faire de la multiplication de semences.

Parce qu’il n’y a pas de semences paysannes sans échanges et organisation collective, en voici quelques exemples :

• La Grainothèque de la Haute vallée de l’Aude, ouverte tous les dimanches matin, pendant le marché, place de la République à Espéraza.
• Quelque Chose d’Important A Faire, association de sciences citoyennes en conservation de semences et sélection variétale à Peyrens.
• Chemin cueillant, promeut et diffuse des savoir-faire sur la production de semences paysannes pour les maraîchers et jardiniers du Minervois.
• La Maison paysanne de l’Aude travaille au développement de l’autonomie semencière des maraîchers.